La date de la mort de Jésus fait actuellement l’objet d’un large consensus : Jésus est mort sous le préfet Ponce Pilate en l’an 30 de notre ère, et plus exactement le 7 avril de l’an 30. Comment obtenir une date aussi précise ? D’après Mc 15,42 et Jn 19,31, Jésus est mort un vendredi. Selon la tradition johannique (Jn 18,28 ; 19,14), c’était le « jour de la Préparation », c’est-à-dire le 14 du mois de Nisan (mars-avril). En ce jour, à partir de 14 h 30 environ, les agneaux de la Pâque sont tués afin d’être mangés le soir, lorsque la première étoile marque le début de la fête pascale, et donc le début du 15 de Nisan [1]. Jésus est mort avant la Pâque, au moment même où les agneaux du repas pascal étaient immolés en très grand nombre sur les parvis du Temple. On comprend alors le mot de Paul : « Christ, notre Pâque, a été immolé. Célébrons la fête, non pas avec du vieux levain » (1 Co 5,7). C’est lui l’agneau du sacrifice (cf. Jn 19,36). À l’aide du calcul astronomique, il est possible de savoir quand un 14 de Nisan est effectivement tombé le vendredi. Ce calcul permet d’abord d’exclure les années 28, 29 et 32 où une telle occurrence est impossible. Par ce même calcul, la date du 7 avril 30 est la plus probable ; celle du vendredi 3 avril 33 reste possible aussi.
La situation se complique toutefois pour la raison suivante. D’après les évangiles de Marc (14,12) et de Luc (22,8.11.15), Jésus aurait mangé la Pâque durant la Cène du jeudi soir - ou plus exactement : après la première étoile inaugurant le vendredi du 15 de Nisan - et il serait mort le vendredi, jour tombant alors en pleine fête pascale. La chronologie synoptique ne s’accorde donc pas avec celle de Jean : il y a un jour de décalage. Bien des efforts ont été dépensés pour tenter de concilier ces traditions divergentes, sans jamais emporter totalement la conviction [2]. L’opinion exégétique actuelle accepte plutôt la chronologie johannique, tant il apparaît impossible, selon les règles juridiques de l’époque, de voir condamner et crucifier quelqu’un une fois la fête pascale commencée. Même dans Mc 14, 2, la réaction de la foule va dans ce sens : « Pas en pleine fête. » Mais en ce cas, la Cène ne serait plus un repas proprement pascal, avec manducation de l’agneau. Au reste, les évangiles ne parlent pas d’agneau en la circonstance. Sans doute est-il question de « manger la Pâque » (Mc 14, 12), mais jusqu’à quel point la tradition synoptique n’a-t-elle pas « historicisé » la symbolique pascale du dernier repas de Jésus ? Devenu le repas du « passage » (= Pâque) et de la libération chrétienne, le motif théologique l’aurait donc emporté sur la précision chronologique. De toute manière, il faut choisir entre Jean et les Synoptiques. Nous optons pour la chronologie johannique, en l’an 30 de notre ère, c’est-à-dire la date la plus probable au niveau du calcul astronomique. Ce même calcul ne favorise certainement pas autant la chronologie apparente des Synoptiques, qui postule l’occurrence d’un vendredi tombant le 15 de Nisan (le 27 avril 31 ?) [3].
La situation se complique toutefois pour la raison suivante. D’après les évangiles de Marc (14,12) et de Luc (22,8.11.15), Jésus aurait mangé la Pâque durant la Cène du jeudi soir - ou plus exactement : après la première étoile inaugurant le vendredi du 15 de Nisan - et il serait mort le vendredi, jour tombant alors en pleine fête pascale. La chronologie synoptique ne s’accorde donc pas avec celle de Jean : il y a un jour de décalage. Bien des efforts ont été dépensés pour tenter de concilier ces traditions divergentes, sans jamais emporter totalement la conviction [2]. L’opinion exégétique actuelle accepte plutôt la chronologie johannique, tant il apparaît impossible, selon les règles juridiques de l’époque, de voir condamner et crucifier quelqu’un une fois la fête pascale commencée. Même dans Mc 14, 2, la réaction de la foule va dans ce sens : « Pas en pleine fête. » Mais en ce cas, la Cène ne serait plus un repas proprement pascal, avec manducation de l’agneau. Au reste, les évangiles ne parlent pas d’agneau en la circonstance. Sans doute est-il question de « manger la Pâque » (Mc 14, 12), mais jusqu’à quel point la tradition synoptique n’a-t-elle pas « historicisé » la symbolique pascale du dernier repas de Jésus ? Devenu le repas du « passage » (= Pâque) et de la libération chrétienne, le motif théologique l’aurait donc emporté sur la précision chronologique. De toute manière, il faut choisir entre Jean et les Synoptiques. Nous optons pour la chronologie johannique, en l’an 30 de notre ère, c’est-à-dire la date la plus probable au niveau du calcul astronomique. Ce même calcul ne favorise certainement pas autant la chronologie apparente des Synoptiques, qui postule l’occurrence d’un vendredi tombant le 15 de Nisan (le 27 avril 31 ?) [3].
Notes
[1]La fête de la Pâque juive dure sept jours, du 15 au 21 de Nisan ; on compte les jours à partir de la première étoile du soir.[2]Signalons en particulier la thèse de Annie JAUBERT, La date de la Cène, Gabalda, Paris 1957. À l’époque de Jésus existaient deux calendriers : le calendrier lunaire, devenu officiel selon lequel le repas pascal tombait le soir du 14 de Nisan (= 15 de Nisan) ; et un calendrier solaire, accepté à Qumrân, selon lequel la Pâque tomberait chaque année le mardi soir (= le mercredi). Jésus aurait donc mangé la Pâque le soir du mardi saint (ainsi dans les Synoptiques ?) et il aurait été crucifié la veille de la Pâque (ainsi dans Jean). L’hypothèse n’a guère été suivie. L’acceptation par Jésus d’un calendrier solaire impliquerait chez lui quelque affinité avec l’essénisme ; ce que nous refuserons dans le chapitre suivant. Par ailleurs, on ne voit vraiment pas comment les disciples auraient pu immoler un agneau pascal sur les parvis du Temple, deux jours avant tout le monde !
[3]J. JEREMIAS, La Dernière Cène, Cerf, Paris 1972, p. 36-42, suit la tradition synoptique, tout en reconnaissant que le calcul astronomique privilégie la tradition johannique. Assurément cette dernière présentation a aussi un caractère symbolique (cf. Jn 19,36), ce qui ne veut pas dire « non historique ». À notre avis, lorsque Jean contredit déterminément une donnée spatio-temporelle des Synoptiques il faut lui donner raison. L’exécution de Jésus le 14 de Nisan est acceptée aussi par la tradition juive (T.b. Sanhédrin 43a : « La veille de la Pâque on a pendu Jésus Nazaréen ») et, en partie, par l’ancienne tradition chrétienne : Évangile de Pierre 11,5 ; Apollinaire de Hiérapolis, Hippolyte, Méliton ( ?) et Clément d’Alexandrie ; cf. M.-G. MARA, Évangile de Pierre (« Sources chrétiennes » 201), Cerf, Paris 1973, p. 81-86.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire